Jour pour jour, il y a un an, j’entamais ma première journée chez WP Media. Une journée pleine d’excitation, mais également pleine de doutes et de peurs. Mais ce sont des sentiments agréables qui vous prouvent que vous êtes vivant. Retour sur cette première année et premier témoignage d’un travailleur à distance.
Cet article va tenter de vous plonger dans mon expérience. Il ne saurait donc être explicite, et ça n’est clairement pas le but. Je vous fais confiance pour ne pas me faire dire ce que je n’aurais pas dit, et suis disponible pour en discuter dans les commentaires !
Excitation et craintes
Je pense que ces mots vous parlent : que vous entamiez un examen, que vous commenciez un nouveau projet ou que vous rejoigniez une nouvelle équipe, il y a toujours ce mélange de sentiments qui vous submerge, qui peuvent notamment se traduire verbalement (intérieurement ou non) en une tonne de questions. Parmi elles, les classiques : mais qu’est-ce qui me prend ? Suis-je prêt pour cela ? Et si ça se passe mal ? C’est quoi le plan B ? Suis-je légitimement à ma place ? Est-ce qu’il y aura de la bière ?
Ce sont, selon moi, des questions et une position légitime. Le syndrome de l’imposteur viendra certainement vous toucher, et encore davantage si vous êtes pleinement autodidacte.
Bien entendu, en quittant une belle équipe comme celle d’Alsacréations et en rejoignant la jeune équipe de WP Media, j’avais encore plus de questions et d’inquiétudes, car je me dirigeais en plus vers du télé-travail.
L'équipe de WP Media s'agrandit un peu plus avec l'arrivée de @geoffrey_crofte Bienvenue l'ami 🙂
— Jonathan Buttigieg Ⓦ (@GeekPressFR) May 4, 2015
Le télé-travail s’invite à la fête
Avec l’excitation de rejoindre une nouvelle équipe et de nouveaux projets j’ai également vu arriver la vraie nouvelle chose que je craignais : le télé-travail.
Je suis quelqu’un qui sait apprécier la solitude et qui s’auto-gère plutôt bien (je pense), autrement ça ne ferait pas 6 ans que mon auto-entreprise tient la route. Mais là il ne s’agissait plus de travailler de mon côté de temps en temps, mais tout le temps. Et ça, ça me faisait un peu flipper je dois bien l’avouer.
Mes craintes derrière cette idée ?
- Un certain renfermement social : ne plus voir physiquement les membres de mon équipe, ne plus pouvoir plaisanter sur le vif d’un sujet, ne plus voir en personne des clients, ou encore les invitations apéro à l’arrache des voisins dans les locaux professionnels. C’était bien fun.
- Le manque d’activité physique : rien que devoir se déplacer à pieds, rollers ou vélo sur le lieu de travail, ça faisait entre 15 et 30 min d’activité quotidienne.
- Le débordement du pro sur le privé : en bossant chez soi, le risque de laisser le professionnel prendre des bouts de temps de la vie privée est très présent.
- L’incompréhension des proches : je craignais de devoir faire face à l’incompréhension de mes proches. Cette idée que bosser chez soi est équivalent à être disponible n’importe quand est un vrai problème.
- Chez moi ! Chez moi ? Suis-je suffisamment bien équipé ?
La réalité, les astuces, et les adaptations
En vrai, tout ne se passe jamais comme on l’imagine. Mais je ne vous apprends rien, j’en suis sûr. Il y a bien des craintes qui s’avèrent justifiées, des fois c’est même pire, mais ce n’est en rien une fatalité. Voici comment j’ai survécu à chacune de mes craintes.
Renfermement social & Activité physique
Un point important lorsque l’on travaille dans nos métiers où l’on est souvent assis tout au long de la journée, c’est qu’il faut se bouger le popotin à un moment. Je fais du Karate depuis maintenant un bon moment, et je me suis mis en plus au Kung-fu pour varier les plaisirs. Ces activités physiques engendre de nouvelles interactions sociales : sorties entre pratiquants, démonstration à droite ou à gauche tout au long de l’année (notamment pour le nouvel an asiatique), et le turn-over dans ces clubs permettent de rencontrer régulièrement de nouvelles têtes. Pour le coup, l’activité physique est au rendez-vous avec plusieurs entrainement par semaine pour chaque activité, en plus des bonus en démonstration.
De même, j’ai conservé de bons liens avec mes anciens collègues, il nous arrive donc de nous voir lors d’une soirée ou d’un déjeuner et discuter des nouveautés ou du bon vieux temps :p
J’ai également la chance d’avoir deux de mes collègues chez WP Media qui travaillent aussi de chez eux sur Strasbourg (ma ville de résidence actuelle), il nous arrive donc également de travailler chez l’un, l’autre, ou sur un territoire neutre (pour éviter les attaques de chat) comme un café ou une médiathèque.
C’est clairement agréable de changer de lieu de travail.
L’un des avantages de bosser de chez soi découle du désavantage en lui-même : l’idée que bosser dans un Open Space avec des gens cools c’est cool est fausse. C’est une idée reçue sur un mode de fonctionnement qui ne convient pas à tout le monde. Ça me rappelle cette scène de CommitStrip.
Enfin, j’entends par là que ce n’est pas toujours le cas. Nous sommes humains, et par conséquent notre humeur a le droit de varier. Il est parfois bon de pouvoir s’isoler, de ne pas avoir envie d’entendre un collègue se plaindre, ou d’entendre la musique trop forte dans le casque d’un autre, ou encore d’être sollicité inopinément. En bossant de chez vous, vous avez n’aurez a priori pas le choix : vos collègues ne vous gênerons pas. C’est comme ça que je l’ai pris au final : je vois mes collègues ou confrères uniquement lorsque j’en ai envie, et qu’eux sont disponibles, bien entendu.
WP Media c’est aussi des collègues à l’international, alors les voir occasionnellement lors d’évènements annuels fait le plus grand bien.
Le débordement sur la vie privée
Actuellement j’ai un statut de Cadre Autonome. C’est un statut particulier qui ne permet plus de compter en heures par semaine, mais en jours de travail dans l’année, tout en limitant le nombre d’heure par jour à 13. Oui, vous lisez bien. C’est donc un statut très intéressant dans le sens de la liberté horaire, mais qui peut rapidement vous en faire travailler un bon nombre.
Heureusement, chez WP Media, les gens qui y travaillent sont des êtres humains qui comprennent le sens du mot humain. Ce statut me permet donc d’organiser mes journées en fonction de mon mode de vie, de mes besoins… de moi quoi.
Il m’arrive d’avoir besoin de faire une sieste de temps en temps (peut-être du sang de sudiste…), je ne me gêne donc pas pour me reposer. Je laisse alors l’aspect privé prendre le pas sur le temps de travail, temps que je décale alors à plus tard pour ré-équilibrer les choses. Mon mode de vie me le permet, ça ne serait peut-être pas la même chose pour une personne en couple et avec des enfants, mais il suffirait de l’adapter.
C’est un avantage pour moi comme pour la team : je bosse lorsque je me sens vraiment efficace. Je produis ainsi un travail de meilleure qualité, et lorsque je suis vraiment productif cela me permet même de travailler moins de temps que lorsque j’étais en agence sur des horaires fixes.
J’ai cependant bien constaté qu’il y a certains jours où je bosse carrément plus longtemps et plus tard que dans mon précédent job, notamment dans des phases de synergie avec mes collègues sur des étapes clés du développement de nos produits, par exemple. Je peux clairement comprendre les débordements inhérents à ce type de synergie, et je pense qu’il est important d’y faire très attention, et ne pas se laisser aspirer.
L’incompréhension des proches
J’ai probablement la chance d’être très bien entouré car je n’ai pas vraiment eu de problème avec cet aspect de ma vie. Je sais que le problème est rencontré par certains télé-travailleurs, mais après une explication de la manière dont je travaille à mes parents et amis, je n’ai rencontré aucun débordement, ni aucune phrase assassine de la trempe du « tu pourras faire les courses puisque tu es à la maison ? » ou « mais du coup c’est pépère ton job ! ».
Mon équipement suffit-il ?
Dans ma tête, notre travail ne nécessite pas beaucoup de matériel, si ce n’est un matériel que presque tout particulier possède chez lui pour le loisir. C’est donc, au pire des cas, un petit investissement envisageable par soi ou l’équipe qui m’embauche.
Je suis plutôt geek à mes heures perdues, et je possédais déjà tout le matériel nécessaire pour travailler dès mon premier jour. Voici mon équipement actuel et l’utilité que j’en ai :
- Mac Book Pro Retina 13″ : c’est mon outil de travail principal. Celui-ci est équipé de nombreuses applications de design et développement puisque mon activité principale chez WP Media est le développement front-end. Il a un max de RAM pour pouvoir faire plein de choses en même temps.
- MSI GS70 17″ : conserver un PC sous Windows me semblait important, et un performant tant qu’à faire. Son équipement me permet de m’en servir pour du multi-tâche design/dev en déplacement sans aucun ralentissement, et de faire tourner un jeu de temps en temps pour faire une pause.
- Écran IIyama 27″ : il me permet de ne pas travailler tout le temps sur du Retina 13″ et de prendre un peu de distance avec l’écran.
- NAS Netgear 4 baies : actuellement équipé de 2 disques de 2 To, il pourrait monter à un stockage de 24 To max. C’est l’un de mes outils de sauvegarde, en plus de disques externes classiques. Ce NAS est équipé d’un espace « Time Machine » pour créer régulièrement des sauvegardes complètes de mon Mac, et me permet un accès distant.
- Micro Yeti Blue et Casque AKG : j’en ai fait l’acquisition un peu plus tard après mon embauche, vers décembre. Je me suis dit que les principales relations avec mes collègues se font via Skype, ScreenHero ou plus nouvellement le service de call de Slack, et qu’il me fallait un son de qualité. Je ne regrette vraiment pas l’investissement.
- Tablettes Samsung, iPad et iPhone : en arrivant chez WP Media, il m’a été livré directement chez moi un iPad Mini 2 Wifi afin de faire les tests nécessaires à nos développement. J’ai également conservé mes tablettes Samsung Galaxy 10″ et 7″, ainsi qu’un iPhone 4 d’occasion, également pour cette fonction. J’ai ainsi un mini device-lab chez moi créé au fil du temps.
En plus du matériel informatique, j’ai aménagé mon bureau pour m’y sentir bien : plante verte, un katana au-dessus de la tête, une lampe de sel et… non non ce n’est pas une PS3 dans l’angle de ce bureau. (c’est pour décorer)
J’ai notamment une table haute (table bar) qui me sert parfois à travailler debout. En posant mon Mac sur un HiRise, je le place à la hauteur idéale pour mes bras. Je peux également parfois y brancher un clavier et trackpad externes suivant l’envie du moment.
Ainsi je bouge entre travail assis et debout assez régulièrement pour éviter bien des problèmes de dos et d’inactivité physique. C’est également bon pour les yeux de changer d’angle de vue, de luminosité et distance avec l’écran.
J’ai également un abonnement 4G qui me permet d’avoir une connexion de secours en cas d’envie soudaine de me déplacer pour travailler ailleurs, parfois hors zone couverte par du Wifi.
Bien sûr, tout ceci n’est pas venu en une fois, ni par l’opération du Saint Esprit. J’ai cherché ce qui pouvait me convenir, trouvé des solutions adaptées tout au long de cette première année à expérimenter des choses. Mes indispensables aujourd’hui sont mon LapTop principal (ici un Mac), le HiRise et mes deux bureaux. Le changement de position est vraiment important pour moi. Le reste est du bonus.
Prendre le taureau par les cornes
J’ai mis pas mal de temps à m’adapter, je dois bien l’avouer, non pas au travail, mais au fait de voir la même pièce chez moi pendant de longues heures. J’ai mis un peu de temps à trouver des solutions simples aux problèmes que je craignais, mais il en existe je pense pour tous les problèmes, il ne s’agit ensuite que d’une mise en œuvre et d’une réflexion plus ou moins longue.
Travailler au soleil pas loin de Gandhi 🙂 pic.twitter.com/iUw4GVzIRr
— Geoffrey Crofte 📗 (@geoffreycrofte) May 2, 2016
Peut-être que mon habitation actuelle (un grand T1) n’est pas encore suffisamment adaptée à ce télé-travail, mais d’ici peu je devrais pouvoir me réserver une pièce rien que pour cela avec un équipement adapté : un bureau assis-debout et une terrasse pour faire des pauses bulleuses. En attendant je m’invente d’autres types de pause. Et puisque je n’ai pas de contrainte de déplacement pour aller au boulot, le temps « économisé » ainsi peut être utilisé pour se balader, décompresser et faire le vide.
L'avantage quand tu bosses à distance et que tes chefs te font confiance, c'est ce genre de pauses. pic.twitter.com/WEjETMwUvq
— Geoffrey Crofte 📗 (@geoffreycrofte) April 19, 2016
Pour ce qui est de la dynamique au sein de l’équipe, on s’est trouvé une bonne occupation pour les pauses déjeuner qui n’ont pas lieu en terrasse : une partie de League of Legend. L’avantage c’est qu’on peut lier l’utile à l’agréable. Ben quoi ?! C’est une forme de team building où chacun fait selon son caractère et sa spécialité et où la stratégie est de mise.
Enfin, le petit avantage des horaires libres c’est de faire les choses de la vie quotidienne lorsque tout le monde est au travail sur ses horaires fixes : RDV administratifs, courses, La Poste, etc. Vous gagnerez un temps fou à ne plus faire la queue. Si si, pour de vrai !
Je ne sais vraiment pas si j’ai fait le tour, mais j’en resterai là pour mon propre retour d’expérience sur le télé-travail. Peut-être changerais-je de méthodes, d’avis ou de solutions en fonction de mes évolutions personnelles à venir, mais en attendant je pense que j’aurais du mal à revenir en arrière. Le temps me le dira 🙂
Je vous invite à me contacter si vous souhaitez également faire part de votre expérience. N’hésitez pas ! D’autres l’ont déjà fait.
C’est toujours un plaisir de te lire!
Je fais justement un peu de recherche sur les expériences autour du télé-travail, car ce sont des possibilités qui se développent de plus en plus en fonction des métiers.
Pour les quelques fois où je l’ai expérimenté, j’ai été confronté à 2 soucis:
– réussir à s’organiser pour éviter les distractions
– et ce pu**** de chat qui parmi les 30m2 du studio a décidé de dormir sur le clavier 😉
Mais c’est vrai que, moi qui suis plus efficace le matin très tôt, ce serait idéal pour commencer à bosser de très bonne heure.
Niveau matériel j’ai seulement investi dans un clavier… je crois que je suis accroc aux doux cliquetis des touches du clavier mécanique.
Super article, je suis en pleine période d’acclimatation en tant qu’indépendant ayant décidé de bosser de chez soi.
Je pense que pour certaines personnes, bosser 1 ou 2 jour/semaine dans un espace de coworking peut aider à ne pas se sentir trop isolé (je suis sur paris et je vais dans les anticafés par ex, mais il y a tout un tas d’endroits pas chers comme le numa …). En plus ça fait un peu de réseautage et de l’échange de bonnes pratiques avec d’autres freelances/indés.
J’ai passé du temps à m’organiser un système de mini-objectifs et de routines pour ne pas trop me disperser (à la base c’était pour contrer l’appel de la console qui n’est jamais très loin).
En plus d’améliorer l’organisation, ça me permet d’avoir de petites victoires quotidiennes. C’est important pour garder la pêche et pour apporter une dose d’auto-congratulation car quand on est chez soi, personne ne va t’appeler (je ne bosse pas en équipe comme toi) pour te dire que tu as fais du bon boulot ! 🙂
Bonjour,
C’est toujours intéressant d’avoir un retour d’expérience d’autres personnes afin de voir les avantages et inconvénients du télé-travail notamment.