Il y a beaucoup de services qui se vendent comme ergonomiques et utilisables. Si vous allez sur chacun des sites web mentionnés dans ce titre, c’est certainement ce que chacun mettra en avant. La réalité est toute autre, surtout si comme moi, vous avez décidé d’être auto-éditeur, et tout faire par vous-même.

Les premières questions que vous vous poserez seront certainement autour de l’organisation de votre projet d’écriture. Mais je vais vous parler surtout de la manière de publier sur ces plateformes.

Navré pour cette fois donc. Cet article va se concentrer sur les formats attendus et les difficultés et spécificités de chaque plateforme. Il s’agit de ma propre expérience lors de ces différentes publications. J’écrirai un autre article sur les outils pour écrire, sous la forme d’une liste non exhaustive.

Auto-édition : y a-t-il un format d’e-book universel ?

C’est la première question que je me suis posé.
La dernière fois que j’avais vérifié avant ma première expérience de rédaction d’un e-book, les formats .epub et .mobi se tiraient la bourre.

En lisant les différentes documentations d’Apple, Google, Kobo et Amazon, je me suis rendu compte que le format accepté par chacun était soit un format .docx, soit un format .epub.

Vous pouvez donc totalement vous lancer dans l’écriture d’un manuscrit avec Word, si le cœur vous en dit. Personnellement, j’avais besoin de pouvoir :

  • réorganiser mes contenus facilement en drag & drop de sections et chapitres,
  • proposer à des personnes de relire des bouts et commenter.
  • prendre des notes sur mes propres contenus.
  • créer un thème .epub qui n’explose pas au premier export/import

J’ai donc exploré les outils mettant ces fonctionnalités en avant. Je suis resté sur l’outil Atticus, qui contrairement à ce que vous pourriez penser, ne propose pas toutes ces fonctionnalités. Cependant il présente bien d’autres avantages dont je parlerai dans un autre article.

Le format epub compatible avec Google, Apple, Amazon Kindle, Kobo et Fnac

Le format epub semble être le terrain d’entente entre les différents acteurs les plus connus du marché. J’ai donc décidé de trouver un outil qui me propose ce format en sortie.

J’ai été étonné de découvrir que Word et Google Doc permettaient tous les deux de faire un export sous ce format. Mais je me questionnais de la qualité du document en sortie. Ayant l’habitude des éditeurs « what you see is what you get » qui pondent un code HTML tout moisi, je me suis dit que Microsoft et Google n’étaient pas à l’abris d’un échec.

C’est donc sous ce format epub que j’ai souhaité faire un export de test sur ces deux plateformes. C’est également sur ce format et la qualité du thème que j’ai mis l’accent lors du choix de mon outil.

Prenez le temps de tester rapidement la qualité du rendu sur les plateformes. Le mieux étant d’avoir un thème de base suffisamment fluide pour conserver les possibilités d’ajustement de taille de texte, police d’écriture, espacement, etc.

Bref, tout ça pour vous dire que Google et Microsoft sont un peu à la ramasse là-dessus. J’ai alors décidé de tester plein d’autres outils dont je vous parlerai dans un autre article.

Assurez-vous simplement que l’export soit toujours compatible epub 3.0. Draft2digital propose un outil plutôt efficace pour cela d’ailleurs. Il y a le site officiel du W3C qui propose un outil en ligne de commande également.

De Kobo à Fnac, une affaire qui marche

Kobo appartient depuis un moment maintenant (autour de 2011) au groupe Rakuten qui a racheté la liseuse de la Fnac. Cependant, le lien entre les deux entités n’a jamais été aussi fort du côté de la distribution des ebooks.

En effet, la distribution s’est faite 2 jours après avoir fait valider mon ebook par Kobo. Le site de la Fnac l’a affiché sans avoir besoin de faire quoi que ce soit. Si vous êtes contre cette distribution sur leur site, vous pouvez toujours en faire la demande par e-mail. (vous aurez les informations au moment de soumettre votre livre à Kobo)

La page dashboard de Kobo Writing Life

Kobo a également été l’outil qui m’a demandé le moins de fil à retordre pour la publication sur leur plateforme. Je l’ai même fait sur mon smartphone en moins de 15 minutes.

Publier sur Kobo (puis Fnac) :

  1. RDV sur writinglife.kobo.com et créez un compte
  2. Cliquez sur « Créez un nouvel eBook » et laissez-vous guider
  3. Au niveau description de l’ebook :
    1. rien de particulier si ce n’est que l’ISBN est optionnel, mais je vous conseille d’enregistrer le vôtre dans votre pays. (FR, LU, BE, CA)
    2. Préparez bien ces contenus qui seront demandés pour toutes les soumissions,
    3. Vous pouvez toujours sauvegarder et revenir plus tard
  4. Au niveau de l’ajout du contenu de l’ebook :
    1. Si vous êtes passé par un epub checker sans faute, pas d’inquiétude
    2. Si ce n’est pas le cas, l’outil va vous prévenir des erreurs éventuelles
    3. Corrigez-les car là où Kobo est permissif, Apple le sera bien moins.
  5. Enfin laissez-vous guider pour le reste des étapes.
  6. Pour une publication sur Fnac, rien à faire, attendez quelques heures ou jours.

Et voilà, c’est tout bon pour le premier.

Amazon Kindle supporte l’epub

On m’a souvent dit qu’Amazon est très stricte sur le format epub attendu. Je n’ai personnellement eu aucun problème pour avancer dans leur formulaire. La publication s’est faite sans encombres.

Préparez un peu de contenu pour créer votre profil auteur. La réclamation de votre profil se fait un peu à l’ancienne en passant par un processus de validation par e-mail. Mais c’est globalement relativement fluide ; juste un poil surprenant.

Le dashboard d'Amazon Direct Publishing

Dans mon cas, je souhaitais créer une série de livres, et j’ai dû également proposer quelques données que je n’avais pas prévu pour les réglages de cette série. Mais rien de sorcier.

Amazon m’a sorti la même erreur d’analyse de l’epub que fera Apple, mais ne m’a pas bloqué dans la publication, certainement car l’erreur n’était pas critique.

Amazon, la page auteur

Important pour le profil auteur : c’est une démarche indépendante de la publication du livre, c’est à vous de réclamer cette page sur Author.amazon.com. Cependant, après la publication de votre premier livre, Amazon devrait vous envoyer les e-mails utiles pour votre inscription.

Cette page peut être pratique puisqu’elle rassemble vos publications en un seul endroit, et permet de proposer votre biographie dans différentes langues si comme moi vous avez l’intention de publier pour différentes cibles. Prenez un peu de temps pour la peaufiner, quand le reste est fini.

Apple Book, certainement les pires formulaires du monde

Et encore, je suis sympa, car il n’y a pas que les formulaires qui rendent le processus de publication sur Apple Book complexe.

Apple : recherche où publier l’ebook

L’aventure – parce qu’il s’agit vraiment de ça – commence sur une simple recherche « Publier un ebook sur Apple book », sur Google.com. Les résultats étaient tellement inadéquats que je suis passé en Anglais pour tout le reste du processus.

« Publish an ebook on apple books » m’a dont conduit sur le site d’Apple. Vous apprendrez dessus que vous pouvez publier depuis Pages, Word ou Epub, et qu’il faut globalement utiliser iTunes Connect. Personnellement je n’avais jamais entendu parler de ce service.

Le site d'Apple, clean et proposant d'afficher plusieurs formats compatible (Pages, Word, PDF et Epub)

J’ai dû suivre deux pages différentes pour m’amener enfin à iTunes Connect. Une fois les péripéties de l’identification terminée (environ 15 min car Apple voulait forcer un reset de mot de passe) vous finissez sur le site web suivant.

La page principale d'apple connect se résume à 6 gros boutons avec des intitulés peu clairs.

Ma première question sera : où vais-je pour publier un livre ? Le réponse logique serait dans « My Books » bien sûr, sauf si vous voyez un autre endroit. Je vais donc dans My Books.

La page My Books affiche un encadré avec 2 boutons « Reports » et « Done » et un message au milieu : no books available. Rien d’autre.

Je vous avoue qu’à ce stade là, je me sens un peu stupide et décide d’explorer les autres sections qui n’auront aucune réponse à m’apporter pour mon objectif premier : téléverser mon livre.

Taxes et accords de publication

Je tombe malgré tout sur la section Agreements, Tax and Banking, où nombre de messages m’indiquent qu’il faut que je complète des documents. Ce que je fais non sans peine, notamment sur la partie « banking » où le système bancaire américain vient se mêler à celui de l’Europe.

J’ai passé 2h avec le support d’Apple pour documenter un problème rencontré pour me faire dire que je ne savais pas trouver mon numéro de compte, alors que le problème venait d’un message d’erreur lui-même erroné sur leur interface. C’est pas comme si le bouquin que je voulais mettre en ligne traite justement de la qualité des formulaires web 🥲

Je n’ai hélas pas pensé à prendre de captures d’écran à ce moment, mais trouver le « Code Banque » était épique. Je vous conseille très largement d’utiliser le petit lien discret sous ce champ qui ouvre en réalité un formulaire de recherche par adresse et nom de banque. Bon courage.
Les autres documents pour Agreements et Tax sont longs, mais pas contraignants à remplir.

Félicitations ! Une fois ces étapes passées, vous avez fait toute la paperasse utile, mais n’avez toujours aucun indice sur comment upload votre ebook.

La page de publication chez Apple

Par chance, je me suis souvenu que sur la première page visitée le format EPUB figurait quelque part. J’y suis donc retourné.

Le bon lien à cliquer sous le titre Epub.

D’ici, je n’ai même pas lu la documentation et j’ai suivi le premier lien nommé « publishing portal« .

Le lien "Publishing platform" pour accéder au bon outil.

Ce portail affiche un énième formulaire de connexion, puisque utiliser mes identifiants et ma session déjà ouverte semble trop complexe pour Apple.

Le formulaire de login de la plateforme de publication

Ah oui, autant vous dire que ce que vous voyez à l’écran ne sont pas des boutons, mais des choix. Cliquez ensuite sur Continue pour avancer dans le processus. Avec un peu de chance Apple vous reconnait, autrement il faudra vous identifier à nouveau.

Vous avez ensuite accès au seul lien et page que nous cherchons ensemble depuis le début. La page de publication d’un livre, ou de création d’un espace de pré-commande. À ce stade, nous sommes totalement en droit de nous demander pourquoi Apple n’a pas mis un lien de l’espace « My Books » vers cet outil de publication, n’est-ce pas ?

L'espace de publication d'Apple Book

Le reste devrait se faire sans trop d’encombres si vous avez utilisé les outils de publication du format epub de votre outil. De mon côté, j’ai eu un problème de validation du format epub et j’ai dû passer 1h avec le support pour finalement donner la solution au support d’Apple qui s’est avéré être incompétent.

En cas d’erreur sur votre fichier, vous aurez le droit à un rapport technique qui vous donne l’origine de l’invalidation. Utilisez ce rapport pour chercher dans votre fichier grâce à un outil de type Sigil. En général le rapport d’Apple vous donne le nom du fichier et le numéro de la ligne qui pose problème.

Résumons : publier chez Apple Books

Publier votre ebook sur Apple :

  1. Connectez-vous ou créez un compte iTunes Connect.
  2. Renseignez les informations de banque et autres joyeusetés.
  3. Rendez-vous sur l’espace de publication avec votre epub.
  4. Vous retrouverez les informations de publication sur iTunes Connect section My Books.

Ne vous étonnez pas si la publication sur les Stores est au rouge partout au début, il leur faut au moins 24h pour publier. Pour les tarifs, je vous conseille de suivre les recommandations d’Apple.

Google Book, des frontières toujours plus épaisses

Google est nulle part. Enfin si, ils ont un joli site web.

La page d'accueil du service de publication de Google

C’est simple, à ce jour je n’ai toujours pas pu publier sur le store de Google pour la simple et bonne raison qu’un Luxembourgeois ne peut pas publier sur le Store français. J’ai tenté d’expliquer au support que je paye des taxes dans les deux pays, que je peux recevoir des revenus des deux pays, qu’Apple a publié mon livre dans 51 pays différents, et que j’ai des comptes bancaires dans 4 pays.

Je pense que j’ai réussi à DDoS la personne du support avec ces informations, car la réponse ne m’a pas semblé des plus pertinente.

Ma prochaine étape est d’essayer de publier le livre sur une IP française en passant par un VPN juste pour voir à quel point les services américains sont toujours aussi ignorants de la manière dont l’Europe fonctionne.

Je vous tiendrai au jus.

Publication sur mon propre site web

Étonnamment, je n’ai eu aucun problème à publier mon livre et toutes ses ressources complémentaires sur mon propre site web.

Mais je ne vais pas vous expliquer comment faire, juste que c’est vraiment rapide. Pour les personnes qui m’ont demandé et qui pourraient passer par là, j’utilise Payhip pour le moment.

C’est un excellent moyen de démarrer rapidement un petit business pour vendre des cours et produits numériques selon moi. Il a ses limites et bugs comme tout produit, mais il a l’avantage d’être gratuit tant que vous ne vendez rien (pourcentage sur les ventes).

Le livre physique sur Amazon

Sur demande d’une partie de mon futur lectorat, j’ai publié le livre en édition physique.
Cette édition demande son propre ISBN, mais Amazon peut vous en fournir un. Attention cependant, si Amazon vous le fournit, vous n’avez théoriquement pas le droit de vendre le livre via une autre plateforme, car elle devient votre distributrice officielle.

Le livre physique de 300 pages ouvert sur des chapitres détaillés. Impossible de lire plus précisément. La couverture du livre est foncée et présente des formes géométriques colorées bleues et roses.

C’est là où l’export d’Atticus, logiciel dont je vous parlerai plus tard, est intéressant. Je vous ferai certainement un détail de mon processus de publication dans un autre article.

Mais en gros je me suis fait un petit script en PHP disponible sur Github qui me permet de générer une page HTML à partir du fichier de sauvegarde JSON de l’outil. C’était pour moi logique de partir de ce format pour générer un fichier PDF accessible disponible avec le livre numérique que je vends.

En faisant un simple CTRL+P sur Chrome, je peux exporter un format quasi accessible. Il ne me reste plus qu’à faire tourner une petite moulinette de contrôle sous Adobe Acrobat pour corriger les derniers détails. (Chrome retire la langue déclarée de la page pour une raison que j’ignore, par exemple)

Quelques défauts de la norme ?

J’ai également voulu utiliser cet export pour faire d’une pierre deux coups et préparer le PDF pour l’impression sur Amazon. Autant vous dire que j’ai eu l’occasion de replonger dans les méandres des Paged-media en CSS.

Cependant, à ma grande déception, beaucoup des fonctionnalités prévues par le W3C pour le media print ne sont absolument pas prises en charge par les navigateurs modernes encore aujourd’hui. J’ai donc regardé du côté de JavaScript pour résoudre le problème de support navigateur, et je suis tombé sur Paged.js qui est très prometteur, mais difficile à prendre en main dans mon contexte.

Les guides Amazon

Amazon fournit pas mal d’outils pour faciliter la mise en page et améliorer la qualité du rendu de votre format papier. Il va cependant falloir lire pas mal sur les différences entre les multiples options proposées. Mais globalement vous serez assez bien guidés.

Un tableau de valeurs de marges accompagné d'un aperçu d'une couverture de livre nu

Mais, je préfère vous le dire tout de suite : la préparation des fichiers pour l’impression prend un temps fou, alors je vous conseille grandement de rester sur un format numérique dans un premier temps.

C’est tout pour le moment, restez en ligne pour les prochaines aventures, et merci pour votre soutien dans mon aventure d’auto-éditeur. 💖