Cela fait maintenant plus d’un an que j’ai repris un travail en présentiel, que je mets en opposition au télétravail. Je vous avais parlé dans un article précédent des avantages du télétravail. Ils sont clairement toujours valides. Cet article est un retour d’expérience personnel accompagné de conseils pour les futurs télétravailleurs ou les personnes qui s’y trouvent déjà.
Contexte de l’article
Vous n’avez certainement pas tout l’historique alors je vais contextualiser un peu. En 2015 j’ai démarré une nouvelle aventure en quittant un poste en agence web à Strasbourg pour un poste en télétravail à temps plein pour une petite startup nommée WP Media, une petite boite Lyonnaise qui a fait un beau bout de chemin aujourd’hui. Je dis temps plein dans le sens où c’était un poste 100% en télétravail.
C’était la première fois pour moi et j’avoue que les arguments pour le télétravail que je m’étais trouvé à l’époque m’avaient donné envie de commencer rapidement cette nouvelle aventure, sans même quitter Strasbourg.
Aujourd’hui, je travaille dans la ville de Luxembourg, je suis passé de Front-End Developer à UX Designer et de télétravail à un travail en présentiel. Petit retour d’expérience.
Du bureau à chez toi
Je ne vais pas comparer chacun de mes précédents arguments en faveur du télétravail avec la réalité de son exercice. Comme je l’ai dit précédemment ces arguments sont toujours valides et je ne vais pas les mettre en opposition avec la réalité.
Lorsque j’ai commencé à travailler depuis chez moi j’habitais une sorte de studio en U que j’avais aménagé pour avoir un emplacement bureau. Cela me permettait de réserver une zone pour le travail et une pour le reste de mes activités chez moi. Mais j’avoue que ça n’était pas suffisant. Faute à l’espace disponible (36m2) clairement.
Après ma première année en télétravail, j’ai eu la chance de pouvoir enfin emménager dans mon appartement de 66,6m2 (oui j’y tiens à cette décimale) dans lequel un bureau séparé du reste de l’appartement m’a sauvé la mise. Cet espace réservé me servait à m’isoler, même si à l’époque je vivais seul, cela m’a permis de mettre la charge mentale du travail dans une pièce sans contaminer les autres pièces. Si je sortais du bureau je n’étais plus disponible pour mes collègues. Ma seule exception à cette règle était la session meeting matinale sur canapé que je m’autorisais. Ce « point matinal » était assez bon-enfant et me permettait de démarrer ma journée en douceur. Petit dejeuner terminé je m’isolais dans mon bureau qui avait un accès direct à un balcon que j’exploitais pour mes pauses.
Mais peu importe l’espace disponible. Je me rendais régulièrement dans des espaces de coworking, et parfois chez des collègues à l’époque où j’avais 2 de mes anciens collègues d’agence qui travaillaient dans la même ville que moi. Ces espaces permettent de travailler ensemble plus directement, créer une dynamique sociale et changer de cadre de travail. Vous verrez que votre bureau ne tiendra pas longtemps, aussi grand soit il, l’absence d’humain autour vous fait vite connaître vos murs par cœur.
Médiathèque, anti-café, espaces publics et lieux de coworking dédiés y sont passés. Je changeais régulièrement et allais même travailler au soleil certains jours d’été. C’était assez plaisant pour tout avouer, mais c’était aussi dépendant du type d’activité que j’allais avoir besoin de faire. En effet même en France et même en 2015 (et même aujourd’hui) les espaces publiques et privés ne sont pas toujours dotés des installations WiFi adéquates.
Des contraintes à la liberté ?
En agence, je me plaignais des contraintes de temps sur certains projets mal estimés en amont. C’était avant que je prenne mes propres projets en main. Je me plaignais parfois de la difficulté de prendre des congés à cause du flux tendu. Je n’ai jamais vraiment trouvé de solution à cela. Idem lorsqu’il s’agissait de l’ambiance au boulot et des playlists à jouer. On ne peut pas satisfaire tout le monde, surtout dans un open-space qui réunit l’ensemble de la boîte. Les casques étaient de mise et signalaient généralement l’indisponibilité d’une personne. Mais cette règle n’était pas toujours respectée.
Chez moi je n’avais pas ce problème. J’avais mon ambiance, ma musique et pas de problème d’interruption par les collègues. Lorsque qu’un collègue voulait de mon temps je devais explicitement le lui accorder. C’est l’avantage de ne pas pouvoir être physiquement interrompu et cela permet d’avoir un échange d’autant plus qualitatif vu que le temps que je prévois de lui accorder lui est dédié entièrement.
Le problème de ce fonctionnement c’est qu’il m’arrivait souvent de prévoir un mini sprint dans la journée pour abattre une tâche rapidement et allouer le reste du temps libre à des tâches plus simples ou rapides. Lorsque trois collègues vous demandent successivement de votre attention sur Slack, même avec des notifications sonores désactivées, les notifications graphiques attirent l’attention au alt+tab et finissent tout de même par vous perturber et interrompre. Vous répondez donc 3 fois que vous êtes occupé. Même le statut renseigné sur Slack ne suffit pas. Il faut savoir que nous avions aussi une règle en interne qui disait que si on bloquait plus de 30 min sur un problème il fallait demander de l’aide à une autre personne de l’équipe. Du coup je réservais toujours inconsciemment de l’attention aux notifications pour éviter de bloquer un collègue sur un problème.
L’autre problème lié à cela c’est que si tu décides de jouer le mutisme une journée ou deux pour avancer franchement sur une tâche difficile, tes collègues peuvent se plaindre de la difficulté de te joindre et de ton manque de flexibilité. Du coup tu n’es jamais vraiment tranquille seul chez toi à abattre tes tâches challengentes.
L’autre aspect qui m’avait attiré dans ce cadre de travail était la politique de congés illimités. Très séduisante même si je suis du genre à ne pas prendre énormément et facilement des jours. Tu te dis que sur un produit développé en interne par ta boîte tu vas en plus avoir pas mal de flexibilité notamment vis à vis des deadlines. Jusqu’au jour où on te refuse une semaine de congé.
Je suis du genre à prendre des congés quand j’en ai vraiment besoin, me refuser des congés c’était estimer qu’une deadline pour un produit qui rapporte déjà suffisamment pour que l’ensemble de la boîte survive soit prioritaire sur ma santé ou même mon plaisir. Je dois vous avouer que le contraste entre l’image que j’avais de la politique de la boîte qui prône le self-care et la priorité à la famille et la réalité qui se présentait alors à moi m’a mis en tête que c’était clairement le début de la fin pour moi.
Et l’humain dans tout ça ?
Je suis quelqu’un d’assez engagé dans mon travail. J’aime le faire correctement et apprendre de nouvelles choses. Choisir des tâches complexes pour me donner du challenge fait partie de mon quotidien. Le changement radical de relation à l’humain en passant de présentiel à télétravail était un sacré défi.
Ayant conscience de cette situation, WP Media organisait 1 fois par an une semaine de coworking entre tous les collaborateurs dans une villa suffisamment grande pour nous accueillir (souvent l’Espagne). C’était vraiment chouette mais ça n’était pas une semaine de congés non plus. Et surtout ça n’était clairement pas suffisant pour créer des interactions humaines fortes sur le long terme.
Au début l’absence d’humain ne me gênait pas vraiment puisque je fuyais une équipe où l’ambiance avait fui main dans la main avec la qualité de la relation client. Mais au bout d’un an les petites pauses « on parle des projets et on déconne en même temps autour d’un café » me manquaient cruellement.
Bien sûr j’ai tenté le coworking. C’est chouette pour le côté humain et découverte. Mais le souci c’est que tu discutes vite de choses qui n’ont rien à voir avec ton job et ce sur quoi tu travailles. Finalement tu perds pas mal en productivité. Personnellement ça ne me convenait pas comme format. Mais en jonglant entre coworking, bosser dans un espace public et chez moi je trouvais un certain équilibre. Enfin ça marchait pour mes 2 premières années. J’ai eu besoin de changement finalement.
De chez toi au bureau
J’ai finalement décidé de quitter WP Media pour plusieurs petites raisons qui ont fait que j’avais besoin de quelque chose de nouveau. Ne vous méprenez pas, je suis parti en très bons termes et je conseille même la boîte et ses produits à beaucoup de personnes encore aujourd’hui. Ce mode de vie, son rythme et ses contraintes ne me convenaient guère. J’ai également voulu prendre un tournant dans ma carrière en m’orientant davantage vers de l’UX que je pratiquais plus sporadiquement dans mon ancienne activité de freelance.
Aujourd’hui cela fait plus d’un an que j’ai rejoint l’équipe d’UX Designers de Foyer Assurances dans le petit pays du Luxembourg. Plein de changements en très peu de temps que je ne regrette pas aujourd’hui. Que les râgeux français qui m’ont déjà fait la réflexion sur Twitter ne tentent pas de troller, je vais décoincer tout de suite les possibles échanges à venir :
- Oui la politique de la France me dégoûtait à l’époque et ça n’a pas du tout changé. Le Luxembourg prend des décisions qui, en tant que résidant, me conviennent bien mieux aussi bien dans le sens humain que financier.
- Oui je suis payé bien plus aujourd’hui, les salaires sont intéressants et le niveau de vie pas plus élevé qu’à Paris (que je n’ai pas connu)
- Non ce n’est pas tout bénèf : je passe à du 40 heures par semaine.
- Oui j’ai aussi fui la France pour une meilleure reconnaissance de mon travail. Je travaille aujourd’hui avec Maltem Consulting qui a su comprendre mon profil et m’orienter vers un client totalement adapté à mes besoins et envies. Chose que je n’ai jamais trouvé en France avec quelques années de galère dans la recherche d’un emploi à mes débuts.
Si jamais vous avez d’autres questions à me poser sur le sujet je suis disponible dans les commentaires ou par mail pour des retours constructifs. Ceci pour éviter le format trollesque de Twitter bien sûr. Mais libre à vous 😉
C’est tout pour mon retour d’expérience. N’hésitez pas si vous avez des questions.
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